Roser exploite de façon primitive des ressources minérales pour exprimer un sentiment d’origine, imposer un devoir de mémoire et symboliser notre appartenance à la nature. De leur élaboration jusqu’à leur contemplation, ses oeuvres sont des champs d’action entre le corps, l’esprit et la matière. Elles maintiennent les sens et l’imagination en éternité avec une âme empreinte de magie.
Images et mots recueillis le 09/04/2002 dans sa maison/atelier
J’aime le printemps, quand tout commence à se réveiller, y compris moi qui me mets à peindre de jour jusqu’à l’automne. En hiver, je ne travaille pas, c’est le moment où mes sujets d’inspiration se forment dans mon esprit.
J’utilise des résidus de fonderie comme la limaille de fer, de la terre, du plâtre, des pigments naturels et des résines d’arbres: rien d’agressif pour la nature ni de contaminant. Ma base de travail, c’est l’eau qui dissout toutes ces matières.
Mes oeuvres évoluent en temps réel, car l’eau et les résines oxydent la limaille de fer pendant un moment, puis ça s’arrête, ça cristallise et ça donne de la vie et de la chaleur.
Je vis en pleine nature sur le site d’une ancienne carrière de calcaire avec un four à chaux qui date du début du XXème siècle. De là provient le concept de poussière, de pigment, de matière et de recyclage de résidus qui caractérisent ma peinture.
L’aspect mat et poreux de la matière qui subsiste encore dans ce four, se retrouve dans mes oeuvres. C’est de l’industrie et de la nature à la fois, de l’exploitation de ressources naturelles. Je suis très primitive, mes supports sont traditionnels et ma technique est néolithique.
Dans mon atelier, il y a des animaux fétiches, des mantes, des araignées, des tarentes. Ce sont de formidables compagnons de travail, discrets, apaisants qui m’aident à éloigner les mouches ou autres mites qui mangent mes toiles.
L’art est un concept si ample et si abstrait que je le matérialise à travers la nature. Pour moi, la nature est l’expression la plus harmonieuse, la plus belle et la plus équilibrée qui existe. J’aime penser que l’art est un être vivant, que l’art est nature.
Je cherche à conquérir et à matérialiser mes rêves, mes sentiments et mes passions ou du moins tout ce que je vois quand je ferme les yeux. Ma quête est de pouvoir voir un jour la même création sur ma toile que mes yeux soient ouverts ou fermés.