Duván est un chasseur de moments parfaits. Tous ses gestes quotidiens, et particulièrement sa création artistique, sont empreints du raffinement d’un dandy digne de Huysmans, Pater o Dossi. Et tous ses gestes quotidiens l’emmènent toujours vers la même destination… la beauté et la bonté. La beauté et la bonté de la vie et des gens. La beauté et la bonté des idées et des sentiments. Une beauté et une bonté à savourer sans modération.

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Visite de l’appartement/atelier de Duván à Barcelone et interview

Quand l’homme parvient à l’esthétique, il se convertit en homme. L’homme est une question sans réponse et c’est ça qui m’intéresse le plus. Chez mes personnages il y a de la mélancolie, de la tristesse, de la joie, de la colère, du cynisme. Tous les hommes sont distincts et tous ont la possibilité de réagir de mille façons. Si mon oeuvre capte ce que je vois quotidiennement, son vrai fil conducteur est le concept d’humanité. La vie est ma source d’inspiration et je suis mon propre modèle. Parce que je suis en train de voir et de filmer en permanence dans la rue avec mon oeil et tout cela je me le mange puis le digère. Ma peinture vient aussi de mon silence, de ma solitude, de ce que je recherche en moi. D’une certaine façon j’ai la chance de rendre tout cela universel et les gens le captent et de plus en jouissent.

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Ce qui m’impressionne le plus chez les gens, c’est la bonté et la noblesse telle que je l’entends, non pas au sens de l’aristrocratie espagnole ou française, mais plutôt au sens de la noblesse réelle de l’être humain. Chez l’homme, l’être humain, j’admire le bon, le beau et le travail. Le travail des êtres humains me semble être la plus grande expression, c’est à dire ce qui est fait à la main et avec amour, a pour moi une vibration particulière.

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On naît artiste. A 4 ans je peignais déjà.  Je peins en ce moment comme les Flamands: j’ai acquis de la technique tout seul. Les gens perdent la technique car bien peindre prend du temps. J’ai découvert que des tableaux que j’avais peint il y a des années n’étaient pas terminés, qu’il fallait revenir dessus et je suis en train de parvenir à des couleurs qui seront un jour comme celles de la Renaissance, quand les gens savaient peindre. J’utilise l’huile très haute qualité et je peins comme peignaient Le Titien ou Raphaël. Il n’y a pas de changement de technique. L’élaboration d’une nouvelle technique ne m’intéresse pas, parce qu’avec la technique qui existe déjà je peux dire tout ce que je veux dire.

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Quand je me lève, je lis un peu de littérature spirituelle qui m’alimente. Je travaille tout le matin et tout l’après midi. Quand je ne peins pas, je dessine. A part ça je fais très peu de choses. Je lis, je peins et je copule. Je voyage pour le travail, je n’aime pas le tourisme. Je lis beaucoup et j’écoute de la musique une heure par jour. Je suis dans un silence permanent. Je me réunis avec peu de gens parce que j’aime parler peu et avec très peu de gens.

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Des yeux à 2 ou 3 pupilles? Cela est apparu après avoir lu Carl Jung. Il y a un conscient et un inconscient, du rationnel et de l’irrationnel, une partie animale et une partie culturelle. Ça peut venir aussi du fait que je suis monophtalmique. En général les tableaux sont statiques à ce niveau. J’ai cherché du cinétisme en mettant plusieurs pupilles. Elles bougent toujours, ne sont jamais à la même place. Quand on les regarde, c’est comme si c’était la première fois. Des yeux à 2 ou 3 pupilles par rapport aussi à l’amour. Je pensais que l’amour était la pénétration absolue de l’autre. L’autre devait être en moi et moi dans l’autre. Cet être humain dont je tombais amoureux ou qui tombait amoureux de moi, devait fusionner avec moi. Mais cela était impossible parce que l’autre est toujours ailleurs, appartient à son propre espace: impossible de le posséder entièrement. Comme l’eau qui s’échappe toujours.

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Pour moi c’est aussi important de peindre que de manger une orange,  me promener ou parler avec quelqu’un que j’aime. Je suis un chasseur de moments parfaits. Je passe beaucoup de moments parfaits dans une journée parce que dès que  je savoure quelque chose, je pense que cela est parfait et je le sens comme tel. Ainsi la joie, le sublime, ne sont pas des choses qui m’arrivent rarement : j’habite usuellement la beauté et l’harmonie.

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